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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/230

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le chien d’or

Il sortit en souriant.

Dame Rochelle le suivit du regard jusqu’à la cathédrale. Il descendit devant l’église et elle le perdit de vue. Alors, elle vint se rejeter dans sa chaise.

— Hélas ! murmura-t-elle, c’est dommage que Pierre soit allé à Ste Anne !

Elle ouvrit sa bible et chercha dans les paroles du Seigneur quelques consolations à ses amertumes.

V.

Il y avait beaucoup de mouvement, beaucoup de bruit sur le marché quand le bourgeois y arriva. Il se mit à visiter, comme de coutume, les divers échoppes des marchands de fleurs et de fruits, en s’arrêtant pour dire un mot aux amis qu’il rencontrait et surtout pour causer avec les pauvres et les infirmes qui l’attendaient toujours aux mêmes endroits. Il aimait mieux aller à eux que de les faire venir à lui. Il savait qu’ils comptaient sur son aumône et il eût évité le gouverneur lui-même plutôt que ces infortunés.

Un groupe de jeunes filles élégamment vêtues achetaient, en se promenant, les dernières fleurs de l’automne, et regardaient d’un œil agaçant les beaux garçons qui venaient en ce lieu faire leur promenade du matin et dépenser, suivant l’occasion, des sourires, de l’esprit et quelquefois aussi de l’argent.

Les demoiselles Hébert et de Grand’Maison faisaient provision d’immortelles et de fleurs desséchées. Maintenant encore, quand vient l’hiver, on garde dans des vases brillants des fleurs desséchées, ces doux souvenirs des jours de soleil !

Elles étaient fort attentives à leurs achats et aux discours de leurs cavaliers, quand une dame à cheval, accompagnée du chevalier de Péan, s’arrêta près d’elles en poussant une vive exclamation, se pencha, et leur tendit la main. C’était Angélique Des Meloises, plus gaie, plus charmeuse que jamais. Elle était voilée, mais son accent joyeux et son timbre argentin la faisaient toujours reconnaître.