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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/266

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LE CHIEN D’OR

Mère Ste. Hélène écrivit jusqu’à la fin de ses jours, l’alternative de revers et de triomphes, de tressaillements de bonheur et d’angoisses !…

III.

Elle tenait encore la plume quand éclata la guerre des sept ans. Du fond du cloître obscur, elle suivait avec anxiété le mouvement des armées de Montcalm sur la frontière. Elle poussa un cri de joie en enregistrant les victoires de Chouaguen et de Carillon.

Mais, plus tard, quand elle s’aperçut que la France épuisée abandonnait lâchement ses colonies ; que le cercle de fer des bataillons se rétrécissait de plus en plus pour étreindre Québec ; que Wolfe commençait à lancer dans la ville assiégée ces boulets et ces bombes qui devaient pleuvoir pendant soixante mortels jours ; ah ! alors, elle éprouva une douleur terrible et sa plume écrivit d’amers sanglots ! Puis quand tomba Montcalm, l’héroïque Montcalm ! que son cadavre sanglant, enveloppé dans le drapeau de la France, fut placé dans la tombe que les boulets avaient creusé bien avant sous les murs du Couvent, elle poussa un cri de désespoir :

« — Le pays est perdu ! »

et elle rendit à Dieu son âme brûlante de patriotisme.

Elle ne vit pas l’esclavage de sa patrie.

IV.

Mais ces tristes événements reposaient encore dans le sein de Dieu. Le traité d’Aix-la-Chapelle promettait le repos à la Colonie et lui donnait l’espoir de voir refleurir l’agriculture et le commerce.

Mère Ste. Hélène venait de retracer, d’une main ferme, les consolations dont le cloître se voyait tout à coup rempli, et les actions de grâces qu’il faisait monter vers le Dieu de la paix.

V.

Mère Migeon avait voulu recevoir les deux nou-