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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/268

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LE CHIEN D’OR

loïse les avait détournées de leur pieux entretien de coutume. L’une d’elles disait qu’Héloïse devait épouser Le Gardeur.

— Non, répliqua une autre, c’est Angélique Des Meloises.

Le Gardeur l’aim à la folie, Angélique Des Meloises, riposta une troisième, mais la belle coquette l’a désespéré et elle doit se marier avec l’Intendant ; c’est une affaire décidée.

— Je le crois bien, fit une autre voix ; ma sœur qui se trouvait au bal de l’Intendant, doit en savoir quelque chose, et elle me l’a assuré. Mais il paraît, ajouta-t-elle en rougissant, qu’il a sa femme à Beaumanoir.

— Ce n’est pas sa femme, riposta vivement la première, ma tante de Grand’maison, qui connaît bien madame Varin…

Elle n’acheva pas. La maîtresse des novices, mère St. Charles, aux aguets à une petite distance, surprit une partie de leur conversation et l’interrompit brusquement.

— Venez à la chapelle, mes chères enfants, ordonna-t-elle, en leur jetant un regard chargé de reproches et toujours doux cependant, venez à la chapelle demander pardon à Dieu de ce moment d’oubli !

— Mais, bonne mère, demanda Marie Cureux, la plus hardie des novices, y a-t-il donc tant de mal à parler du mariage ? Papa et maman se sont mariés et c’est à l’église qu’on se marie !… Au reste, nous n’avons fait que chuchoter.

Les autres sourirent en se cachant.

— Les religieuses ne doivent songer qu’à leur divin époux, Jésus-Christ, répondit la bonne maîtresse en regardant le ciel.

— Ah ! nous ne sommes que de vilaines pécheresses ! soupira la petite sœur Bédard, une cousine de Zoé Bédard, de Charlesbourg.

Elle ne se croyait pas si pécheresse que cela, et elle ne faisait pas encore le signe de la croix au souvenir des gaietés de la jeunesse.