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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/280

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LE CHIEN D’OR

mourait, il accourut au monastère. Il espérait en forcer l’entrée par ses prières, ses promesses et ses pleurs. Hélas ! il ne savait pas que l’inflexible règle est plus puissante que les murs des citadelles et que l’armée religieuse ne capitule jamais !

Il pouvait entrer dans le parloir, mais jamais son pied ne franchirait la porte sombre qui le séparait de sa bien-aimée !

Amélie viendrait peut-être derrière la grille ; mais il ne la verrait toujours qu’à travers d’implacables barreaux croisés drus.

La portière lui dit d’abord que la jeune novice ne pouvait se rendre au parloir, et qu’il n’y avait plus qu’à s’en retourner, puisqu’il ne pouvait franchir le seuil du cloître.

Il poussa un gémissement profond.

— Au moins, dites-lui que je suis ici, que je suis accouru pour la voir une dernière fois !… Je ne sortirai pas avant que j’entende sa dernière parole ! que j’aie reçu son dernier adieu !

IX.

Amélie retrouva une force nouvelle en apprenant que Pierre l’attendait, qu’il voulait la voir ! Elle supplia les religieuses de la conduire au parloir… Cela ne la ferait pas mourir plus tôt ; cela n’offenserait pas le bon Dieu… Il devait être son époux, cet homme… et le Ciel avait reçu leurs serments !

Elle pleura ses dernières larmes ; elle entoura de ses bras amaigris le cou de la mère Supérieure ; elle invoqua sa tante Madeleine qui avait tant pleuré elle aussi, avant de monter aux cieux…

Au même instant, quelqu’un vint annoncer que madame de Tilly attendait aussi dans le parloir, et désirait fortement voir la jeune mourante.

La mère Supérieure ne résista plus. Amélie fut portée dans une chaise et déposée derrière la large grille noire.

Héloïse la suivait.

— Pierre ne me reconnaîtra pas, lui murmura-t-