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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/8

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le chien d’or

neurs conduisirent à des découvertes chimiques importantes, et des hommes de bien utilisèrent, pour sauver leurs semblables, ces drogues redoutables qui, jusque-là, n’avaient servi qu’à les tuer. L’axiome similia similibus curantur devint l’étendard ou le cri de ralliement des plus illustres écoles de médecine.

La Corriveau ouvrit un autre tiroir secret et en tira, d’une main hésitante, comme si elle n’eut pas été tout-à-fait décidée, un petit stylet luisant, aigu, dont la seule vue faisait passer du froid dans les veines. Elle en toucha la pointe avec son pouce, machinalement, par habitude, et le cacha dans sa robe.

— Cela peut servir, murmura-t-elle… pour me défendre, ou pour achever mon œuvre. Béatrice Spara aimait mieux ce stylet que le poison.

Elle se releva satisfaite d’avoir tout prévu, plaça le coffret dans sa poitrine et sortit de sa chambre.

L’avenir lui souriait en ce moment-là. D’abord, il y avait l’appât de l’argent, puis l’honneur d’essayer son habileté et d’exercer son art sur une grande dame, comme le faisaient Exili et la La Voisin, au temps glorieux de Louis XIV.

Elle était prête et ne demandait plus qu’à partir. Le bonhomme Dodier amena la calèche à la porte de la maison.

C’était une lourde voiture à deux roues, portée sur des ressorts de frêne. Le cheval, un vigoureux poney Normand, lisse, lustré, bien harnaché, était évidemment l’objet des prédilections de son maître, et paraissait fort sensible à ses caresses.

La Corriveau monta dans la calèche avec une agilité remarquable pour son âge, s’assit à côté de Fanchon, et donna du fouet au cheval qui partit comme une flèche.

— Pourquoi du fouet ? murmura le bonhomme en branlant la tête… un cheval si vigoureux !

Bientôt les deux femmes furent hors de vue.