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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/155

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Elle me déclara que je devais faire erreur.

Je ne voulus pas commencer une longue conversation, de peur de ne pouvoir la soutenir. Je lui dis qu’il n’y avait pas erreur. Je lui montrai la pièce de vingt marks, et lui répétai pour la troisième fois que je voulais un coussin, « un coussin de vingt marks. »

Sur ces entrefaites s’avança une autre demoiselle, plus âgée, et la première, qui paraissait bouleversée, lui répéta ce que je venais de dire.

L’autre estima que je n’avais pas l’air d’appartenir à cette classe d’hommes qui pouvaient désirer un coussin. Pour s’en assurer, elle me posa elle-même la question :

— Est-ce que vous avez dit que vous vouliez un coussin ?

— Je l’ai dit trois fois, je vais le répéter : je veux un coussin.

Elle dit :

— Eh bien, vous ne pouvez pas en avoir !

Je sentais la colère monter. Si je n’avais pas réellement tenu à cet objet, je serais sorti de la boutique ; mais les coussins étaient à la devanture pour être vendus, évidemment. Je ne voyais pas pourquoi, moi, je ne pourrais pas en obtenir un. Je déclarai :

— Et je veux en avoir un !

C’est une phrase bien simple, mais je la dis avec énergie. Une troisième demoiselle parut à ce moment, je suppose que ces trois formaient tout le