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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/281

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pline et l’ordre. Lorsque entre un convive, tous ceux qui sont assis autour de la table se lèvent et saluent, les talons joints. Quand la table est au complet, on élit un président qui est chargé d’indiquer le numéro des chansons. On trouve sur la table des recueils imprimés de ces chansons, un pour deux convives. Le président annonce : « numéro vingt-quatre, premier vers », et aussitôt tous commencent à chanter, chaque couple tenant son livre, exactement comme on tient à deux un livre d’hymnes à l’église. À la fin de chaque vers on observe une pause, jusqu’à ce que le président fasse commencer le suivant. Tout Allemand ayant appris le solfège et la plupart jouissant d’une belle voix, l’effet d’ensemble est impressionnant.

Si les attitudes évoquent le chant des hymnes religieuses, les paroles de ces chansons redressent souvent cette impression. Mais qu’il s’agisse d’un chant patriotique, d’une ballade sentimentale ou d’un refrain qui choquerait la plupart des jeunes Anglais, on le chante toujours d’un bout à l’autre avec un sérieux imperturbable, sans un sourire, sans une fausse note. À la fin le président crie « Prosit ! » Tout le monde répond « Prosit ! » et le moment d’après tous les verres sont vides. Le pianiste se lève et salue et on répond à son salut. Puis la Fraülein remplit les verres.

Entre les chants on porte des toasts à la ronde ; mais on applaudit peu et on rit encore moins. Les