Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/33

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— Voyons, ne fais pas l’imbécile, protesta Ethelbertha : je voudrais seulement être débarrassée de toi un pauvre moment, juste de quoi oublier les deux ou trois petites imperfections qui te sont inhérentes, juste assez longtemps pour me rappeler quel charmant garçon tu es par ailleurs et me réjouir d’avance de ton retour.

Le ton d’Ethelbertha me choquait. Elle paraissait animée d’un esprit de frivolité s’accordant mal avec le sujet de notre conversation. Je n’aimais pas du tout — et ce n’était guère le genre d’Ethelbertha — qu’elle considérât gaîment une séparation de trois à quatre semaines. Ce voyage ne me tentait plus. J’y aurais renoncé, si je ne m’étais pas senti engagé vis-à-vis de George et de Harris. Je ne pouvais pas maintenant changer d’avis : c’était une question de dignité.

— Très bien, Ethelbertha, répondis-je, j’agirai selon ton vœu. Tu tiens à être débarrassée de ma présence pendant quelque temps : tu seras satisfaite ; mais, si ce n’est pas chez ton mari curiosité impertinente, je voudrais bien savoir ce que tu comptes faire pendant mon absence.

— Nous louerons cette villa de Folkestone et je m’y rendrai avec Kate. Et, si tu veux être gentil, tu engageras Harris à aller avec toi : Clara pourra alors se joindre à nous. Toutes trois nous avons ensemble passé de bons moments avant qu’on ait pensé à vous autres : ce serait délicieux de les faire