Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/84

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de prestidigitateurs qui subtilisaient ses affaires rien que pour l’ennuyer.

— L’aurais-tu laissé au jardin ? hasardait ma tante.

— Pour quelle raison aurais-je voulu le laisser au jardin ? Je n’ai pas besoin d’un journal au jardin ; je veux le journal poux l’avoir dans le train.

— Tu ne l’as pas mis dans ta poche ?

— Que Dieu te pardonne ! Crois-tu que je serais ici à le chercher à neuf heures moins cinq, si je l’avais tranquillement dans ma poche ? Me prends-tu pour un imbécile ?

À ce moment-là, quelqu’un de s’exclamer : « Qu’est ceci ? » en lui passant un journal bien plié.

— Si seulement on pouvait laisser mes affaires en place, grognait-il, en l’arrachant d’un geste sauvage des mains qui le lui tendaient.

Et l’ouvrant pour l’y mettre, en place, il jetait un regard sur la feuille et s’arrêtait net, privé de parole, comme outragé.

— Qu’y a-t-il ? demandait ma tante.

— C’est celui d’avant-hier ! répondait-il, trop blessé pour élever la voix, en jetant le journal sur la table.

Si seulement ce journal avait une seule fois pu être celui de la veille ! Mais c’était invariablement celui de l’avant-veille, sauf le mardi, car ce jour-là le journal datait du samedi.