Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/90

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Il était de ces hommes qui, débutant posément, sentent leur colère grossir au cours de la conversation.

— Qui croyez-vous que je sois ? continua-t-il. Un collectionneur de bottines ? Pourquoi pensez-vous que j’ai loué cette boutique ? Pour raison de santé ? Me supposez-vous amoureux de mes bottines au point de ne pouvoir me séparer d’une paire ? Imaginez-vous que je les expose autour de moi pour jouir de leur vue ? N’y en a-t-il pas assez ? Où vous figurez-vous donc être ? Dans une exposition internationale de chaussures ? Peut-être que ces bottines-là forment une collection historique ! Avez-vous jamais entendu parler d’un homme tenant boutique de chaussures, et n’en vendant pas ? Il se pourrait que je m’en serve pour décorer ma boutique et pour l’embellir ? Pour qui me prenez-vous ? Pour un idiot fini ?

J’avais toujours soutenu que ces manuels de conversation ne servent pas à grand’chose. Nous cherchions un équivalent d’une phrase allemande bien connue : Behalten Sie Ihr Haar auf ?

Le livre ne contenait d’un bout à l’autre rien de ce genre. Il faut cependant admettre que George choisit la meilleure phrase qu’on pouvait y trouver et s’en servit. Il dit :

— Je reviendrai quand vous aurez davantage de bottines à me montrer. D’ici là, adieu !

Après quoi nous regagnâmes la voiture et partîmes, quittant le cordonnier qui, à la porte de sa