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dieu tomba également une larme par terre, laquelle devint la puissante déesse Dâra[1]. Ayant dit les mêmes mots, elle se replongea dans son œil gauche, et c’est elle qui, dans un temps postérieur, devint la Dâra verte de la Chine[2]. »

Le Khoutoukhtou se rendit alors au bord de la mer et dit : « Oh ! que les damnés qui, depuis un temps éternel, se trouvent par suite de leurs crimes accumulés dans cet enfer sans fond et sans bornes, puissent être délivrés de leurs tourmens et de leur désespoir, et conduits dans le royaume de la tranquillité. Oh ! que tous ceux qui bouillent dans cette mer de laquelle s’élèvent des exhalaisons empoisonnées, qui brûlent éternellement dans ce feu infernal, et tous ceux que des tourmens effroyables font crier et hurler, puissent être pour toujours rafraîchis par la pluie restaurante de la béatitude ! Que tant de milliers d’êtres qui se trouvent dans cette mer où ils souffrent des tourmens inexprimables par la chaleur, le froid, la faim et la soif, puissent rejeter loin d’eux leur enveloppe funeste et renaître dans mon paradis comme êtres supérieurs ! Om maṇi pâdmè hoûm. »

À peine le Khoutoukhtou avait-il prononcé ces mots

  1. En tubétain སྒྲོལ་མ་ Trol ma, ou la mère puissante.
  2. La Dâra blanche de Bhalbo (ou Népal) et la Dâra verte de la Chine sont les deux épouses du roi tubétain Srong bdzan gambo, qui, au milieu du viie siècle, répandit le Bouddhisme dans son empire. — Kl.