Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/265

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un riche butin dans les provinces de Fou kian, Tche kiang et Kiang nan. Au commencement de l'année suivante, Houang tchhao projeta une invasion dans le Kiang nan; mais il fut battu par les troupes impériales, et prit le parti d'aller dévaster la partie orientale de la province de Ling nan, qui est celle de Canton de nos jours. Quand son armée fut près de cette capitale, il envoya un placet à l'empereur, lui demandant le gouvernement de la province dans laquelle il se trouvait. Cette demande ne fut pas agréée: Houang tchhao, pour se venger, fit le siége de Canton et prit cette ville en peu de jours. Une maladie contagieuse s'étant mise dans son armée, il retourna vers le nord et passa dans le Hou kouang, où il s'empara de plusieurs grandes villes. Il y fut battu complètement et contraint de repasser le Kiang. Ravageant tout par le fer et le feu, il entra dans le Kiang si, et soumit presque toute cette province ; son année grossit tellement, qu'à la fin de l'année il se trouva à la tête de deux cent mille hommes, sans compter les troupes que plusieurs de ses lieutenants avaient ailleurs. Dans l'été de 880 il passa le Kiang; la cour de Tchhang ngan , effrayée de ses progrès, envoya des ordres positifs pour assembler les troupes et empêcher les rebelles de traverser le Hoai ho. Ces ordres furent mal exécutés, car il n'y avait pas d'union entre les généraux de l'empereur, qui cherchaient à se nuire mutuellement. Houang tchhao passa dans le Hoai ho sans obstacle, leva de nouvelles troupes dans le pays, s'empara de plusieurs villes et marcha contre Lo yang, capitale orientale de l'empire. Le général qui commandait l'armée impériale crut qu'il ne pouvait rien faire de mieux que de garder le fort et le passage de Thoung kouan (voyez page 216), pour l'empêcher d'arriver à Tchhang ngan. Cependant le chef des rebelles avait pris le titre de grand général aidé par le ciel. Il s'approcha de Lo yang; le gouverneur vint au-devant de lui, à la tête de tous les mandarins, dans la posture d'un sujet devant son prince: l'armée de Houang tchhao entra dans la ville sans commettre le moindre désordre. De là il se porta devant Thoung kouan, qui se défendit assez bien, mais qui finit par se rendre. Sans perdre de temps, il s'avança contre Tchhang ngan avec tant de diligence, qu'il manqua d'y entrer pendant que l'empereur y était encore. A la nouvelle de son approche, le brave général qui avait si bien défendu Tchhoung kouan fit sortir secrètement l'empereur avec une partie de sa famille, et le fit partir pour Foung thsiang fou, d'où il se rendit à Hingyuan, ou Han tchoungfou dans