Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’exécuter l’ouvrage commencé par Dak’ik’i, Le nouvel auteur, Firdoussi[1], mécontent de ce qu’on ne lui tint pas les promesses qu’on lui avait faites, s’ensevelit dans la retraite, où il acheva sa vaste entreprise. Il fut rappelé à la cour du sulthan ; des présents magnifiques arrivèrent pour récompenser son travail, à l’instant où il expirait ; et, comme le Tasse, il mourut la veille du triomphe. Son poëme est celui qui est devenu si fameux sous le nom de Chah-nameh, ou livre des rois. C’est dans cet ouvrage tout chargé de fables que nous trouverons ce que savent les mahométans sur l’ancienne histoire de l’Asie occidentale ; et, sans espérer d’y rencontrer ni chronologie ni certitude, nous y découvrirons cependant quelques lueurs qui peuvent contribuer à éclaircir et à confirmer les récits des historiens grecs.

  1. Aboul Kasem Mansour Firdoussi, né en 916 ou 917 de notre ère, mourut à l’âge de cent quatre ans. Le premier orientaliste qui ait donné quelques fragments du Chah-nameh de Firdoussi est sir William Jones, dans son Traité de la poésie asiatique, placé à la suite de la traduction de l'Histoire de Nadir-chah, et dans son Poeseos asiaticœ Commentarium, (Londres, 1775, in-4o, et Leipzig, 1778, in-8o.) Langlès a profité de ce travail pour composer la Notice sur la vie et les ouvrages de Firdoussi, placée à la suite des Fables et Contes persans, traduits et publiés en 1788, in-4o et in-8o. M. Champion a traduit en vers anglais le commencement du Chah-nameh, et l’a publié sous ce titre: The Poems of Ferdousi translated from the original persian, 1788, 1 vol. in-4o. M. de Wallenburg, conseiller aulique de l’empereur d’Autriche, avait entrepris une traduction française de tout le Chah-nameh: cette traduclion était avancée quand la mort l’enleva au milieu de son utile travail. Un de ses amis, M. A. de Bianchi, a publié sa traduction de l’Introduction au Chah-nameh, par Ebn-Mansour-el-Omry, et celle des Chants préliminaires du Chah-nameh, dans une brochure intitulée Notice sur le Chah-nameh de Firdoussi, et traduction de plusieurs pièces relatives à ce poëme ; ouvrage posthume de M. le conseiller de Wallenburg, ( Vienne, 1810, in-12.) Un des professeurs du collège de Fort-William, à Calcutta, le savant M. Lumsden, secondé de deux mollas très familiarisés avec la poésie persanne, y a entrepris de publier le texte persan du Chah-nameh, revu sur vingt-sept manuscrits, sous ce titre anglais : The Shah-nama ; being a series of heroic Poems, on the ancient History of Persia from the earliest times. L’éditeur s’est contenté d’ajouter une très courte préface en anglais. Il n’y a que le premier volume qui ail paru de cette édition, qui devait former huit volumes in-folio, 1811. Le récit de la mort de Sohrab a été traduit librement eu vers anglais par M. Atkinson, qui a publié cet épisode intéressant du poëme avec de nombreuses et savantes notes et le texte persan, d’après l’édition de M. Lumsden, sous ce titre : Soorab, a Poem, freely translated from the original persian of Ferdousee, etc. (Calcutta, 1814 ; 1 vol. gr. in-8o de 267 pages.) M. Silvestre de Sacy, qui, dans le tome IV des Notices et extraits des manuscrits, avait traduit la vie de Firdoussi d’après Daulet-Chah, a inséré, dans le tome IV du Magasin encyclopédique de 1823, de curieux détails sur le Chah-nameh et sur les diverses traductions qu’on a faites de quelques fragments de ce fameux poëme ; il en cite même des morceaux assez étendus. M. Jourdain a parlé amplement de Firdoussi, et a donné la traduction de plusieurs fragments ou passages de cet auteur dans l’ouvrage qu’il a publié en 1814, sous le titre de La Perse, tome V. H. Goerres a traduit le Chah-nameh en allemand, sous ce titre : Heldenbuch von Iran, aus den Schah-nahmeh des Firdussi, von F. Goerres, avec figures et une carte. (Berlin, 1820, 2 vol. in-8o.) Cette traduction n’est qu’un abrégé, qui cependant forme un ensemble ; elle est précédée d’une introduction sur l’ancien état de la Perse. Le professeur Wahl à Halle s’occupe depuis longtemps d’une traduction complète en allemand du même ouvrage, de laquelle il a inséré des fragments dans les Mines de l’Orient. Le Chah-nameh a été traduit en prose arabe par un nommé K’aouam-eddyn Aboul Fetah Issa, fils d’A’ly Alhindary, natif d’Isphan, d’après l’ordre du grand roi Aboul Fetah Issa, fils d’Adel el Aboubekr, fils d’Ayoub. On possède à la bibliothèque du roi une copie de cette traduction, sous les n°° 624, 625 des manuscrits arabes, et plusieurs beaux exemplaires du texte original persan, ornés de peintures.