Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/71

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dans les montagnes de la Chine occidentale, où ils portent le nom de Miao. Il serait curieux de se procurer des renseignements plus exacts sur leurs mœurs et usages, et principalement un vocabulaire de leur langue, qui nous indiquerait sous quelle race il faudrait les classer, et s'ils sont de la même souche que les K'iang ou Tubetains, comme on pourrait le croire d'après quelques passages des historiens chinois.

Les premiers fondateurs de l'empire chinois ne se composaient guère que d'environ cent familles;leur ancienne manière d'être, conservée jusqu'à nos jours, est assez remarquable, et offre un singulier contraste avec celle de la race indo-germanique. Tandis que celle-ci, répandue sur le continent européen, s'y est partout divisée en castes héréditaires, supérieures les unes aux autres, et conservant même leur supériorité sans- la possession d'un domaine quelconque, la race chinoise se compose de familles parfaitement égales entre elles, et ne reconnaissant d'autre domination que celle de la dynastie régnante, à laquelle elles sont soumises de la manière la plus absolue. Tandis que les institutions européennes accordent aux souverains une légitimité inaliénable, même après la perte du trône, en Chine le pouvoir n'est regardé que comme une possession de fait;et chaque puissance nouvelle qui s'élève est légale à l'instant où l'occupation de l'empire est achevée. Chez ce peuple, qu'on regarde comme esclave, la légitimité d'un souverain cesse quand sa tyrannie devient insupportable ; Confucius, Mencius, et tous les philosophes de l'antiquité chinoise, établissent le droit qu'ont les sujets de se délivrer de l'oppression par le régicide.

Si les Chinois diffèrent de la race indo-germanique par la croyance politique, ils s'en éloignent encore plus par la croyance religieuse. Les anciens habitants de la Chine n'ont jamais admis un système de religion conservateur de la morale sociale, et manifesté par un culte. En effet, le Chang ti, ou l'empereur élevé, appelé aussi simplement Thian, ou le Ciel, auquel les empereurs sacrifiaient de temps en temps, n'était pas regaçdé comme une divinité qui pèse les actions des humains, les punit ou les récompense. C'était plutôt un dieu particulier à l'empereur ou à l'empire, mais qui ne s'occupait pas des autres mortels. En revanche ceux-ci ne se souciaient guère de lui, et se contentaient de sacrifier aux bons ou mauvais génies qui, suivant eux, faisaient la haute police de ce bas monde. Ce sont les âmes des morts qui, d'après leurs actions pendant la vie, deviennent ou génies