Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/73

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divers partis: celui qui les réunit tous par son mérite fut le prince Tcheou, nommé Si pe, mais plus connu sous le nom de Wen Wang, et qui avait ses possessions dans le nord-ouest de la Chine ; la mort l'empêcha d'achever la délivrance de ses compatriotes, et il légua la continuation de cette entreprise à son fils W ou w'ang, autour duquel se réunirent les grands de l'empire. On convint de ne prendre les armes qu'après avoir essayé de ramener le prince par de sages conseils; mais Cheou sin persista dans sa première conduite, et Wou wang se mit à la tête de la nation. Il gagna l'unique bataille qui fut livrée dans cette guerre de la liberté, et le tyran, se voyant perdu, s'enfuit dans son palais, où il se brûla avec tous ses trésors.

W ou wang fut proclamé empereur, et donna à sa nouvelle dynastie le nom de Tcheou. Il transporta la capitale de l'empire, qui avait été dans la province de Ho nan, à Fung hao, aujourd'hui Tchhang ngan hian, dans le Chen si. Ce prince heureux avait à la vérité rendu le bonheur à la Chine, mais il commit une grande faute politique, ce fut de détruire l'ancienne forme de la monarchie pure, et de lui substituer une espèce de système féodal. En partageant le pays entre ses généraux , il n'en garda pour sa famille qu'une partie proportionnellement peu considérable; de là vient la division de l'empire en tant de petits royaumes et principautés, lesquels sont représentés en partie sur la première carte de ces tableaux historiques, tels qu'ils subsistaient à l'époque de Cyrus. Tant que les successeurs de W ou wang furent assez forts pour maintenir dans l'obéissance les petits rois qui étaient leurs vassaux, leur gouvernement conserva une espèce d'unité; mais depuis le huitième siècle avant notre ère la puissance impériale alla toujours en déclinant, et fut ruinée peu à peu par une vingtaine de petits princes qui se faisaient entre eux une guerre continuelle. L'empire ressemblait alors à ce que la France était du temps des ducs et des comtes, qui, bien que vassaux du roi, étaient ses plus grands ennemis.

Ia seconde et troisième carte montrent les changements successifs qui ont eu lieu dans le territoire de ces royaumes et dans l'empire des Tcheou, autour duquel ils étaient rangés comme autour d'un centre. La Chine, c'est-à-dire le pays habité par la race chinoise, ne s'étendait que fort peu au sud du fleuve Kiang, et toutes les contrées situées au midi des monts Nan ling étaient occupées par une autre race d'hommes, sur laquelle nous n'avons pas de données exactes.