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Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/111

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maîtresse avait insisté, malgré les représentations du chirurgien, pour être ramenée sans délai.

Kohlhaas la porta sur un lit, où elle reprit ses sens pour quelques jours. Mais il chercha vainement à apprendre d’elle ce qui lui était arrivé ; elle restait l’œil fixe, et la bouche close à toutes ses questions. Ce ne fut qu’un instant avant sa mort qu’elle sembla recouvrer la mémoire. Elle se tourna tout-à-coup vers le ministre luthérien, qui lisait l’Évangile à côté de son lit, et prenant la Bible de ses mains, elle se mit à la feuilleter rapidement, comme si elle y cherchait quelque chose ; puis montrant à Kohlhaas le verset suivant : « Pardonne à tes ennemis ; fais du bien à ceux qui te maudissent, etc., » elle lui serra la main, le regarda avec tendresse, et expira.