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Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/139

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Celui-ci, qui était assis à une table couverte de manuscrits et plongé dans de savantes méditations, surpris de voir un homme d’une tournure étrange entrer brusquement et fermer la porte à clef, lui demanda qui il était et ce qu’il voulait. Mais Kohlhaas, tenant respectueusement son chapeau à la main, n’eut pas plutôt prononcé son nom avec le pressentiment de l’horreur qu’il allait causer, que Luther s’écria : « Sors d’ici, ton haleine est la peste, tout ton être est plein d’iniquité ! » et se levant, il courut à la sonnette.

Kohlhaas, sans reculer d’un pas et sortant l’un de ses pistolets de sa ceinture, lui dit : « Seigneur, si vous agitez la sonnette, cette arme va m’étendre mort à vos pieds. Asseyez-vous, et daignez m’écouter ; vous ne sauriez être plus en sûreté parmi les anges