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Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/68

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qu’à la délivrance de son passe-port, et l’intendant murmura dans sa barbe qu’il fallait garder comme otages les deux chevaux noirs.

« Assurément, dit le châtelain, c’est le plus simple moyen, et une fois qu’il aura livré son passe-port, il pourra les reprendre. »

Kohlhaas chercha à en rappeler d’une décision si rigoureuse ; il dit au gentilhomme, dont tous les membres débiles tremblaient de froid, qu’il le frustrait ainsi de la vente de deux chevaux. Mais un violent coup de vent ayant jeté une bouffée de pluie et de grêle contre la porte du château, le gentilhomme, pour en finir, dit au marchand que s’il ne voulait laisser ses chevaux il ne passerait point la barrière, et il rentra.

Michel Kohlhaas, voyant bien qu’il n’y avait pas d’autre parti à prendre,