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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/185

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jour affreux. Josepha lui raconta les principaux événemens de sa fuite et eut le bonheur de voir des larmes de sympathie couler à son récit. Dona Elvire lui prit les mains dans les siennes, les serra tendrement, et interrompit sa triste relation par les marques du plus tendre intérêt. Josepha se crut déjà dans le séjour immortel des bienheureux. Un sentiment qu’elle ne pouvait étouffer lui présentait ce jour qui venait de passer, laissant tant de misère au monde, comme un bienfait plus grand que tout ce qu’elle devait déjà au ciel. Et en effet, au milieu de cette misère, dans laquelle tous les biens terrestres des hommes avaient été détruits, et où la nature entière avait été ébranlée, l’esprit humain semblait être demeuré debout comme une fleur au milieu des champs. De tous côtés, aussi loin que