Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/57

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fait. Tout rentra bientôt dans l’ordre accoutumé. La marquise reprit l’éducation de ses enfans, et se remit à ses occupations favorites. Mais sa santé, qui jusqu’alors avait été forte et robuste, semblait souffrante : elle éprouvait des faiblesses qui l’empêchèrent pendant des semaines entières de paraître dans la société ; elle sentait des vertiges, un malaise dont elle ne pouvait se rendre raison. Cet état singulier l’inquiétait fort.

Un matin que toute la famille était occupée à prendre le thé, et que M. de Géri s’était éloigné pour un instant, la marquise, sortant de ses rêveries, dit à sa mère :

« Si une femme me disait avoir éprouvé un sentiment semblable à celui qui m’a parcouru tout le corps tandis que je prenais cette tasse, je croirais cette femme enceinte.