Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/79

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ment il avait pu guérir de sa blessure dans un si petit endroit où l’on ne devait point trouver les secours nécessaires.

Alors il raconta plusieurs traits pour prouver combien sa passion pour la marquise l’avait occupé tandis qu’il était gisant sur son lit de douleur. Durant toute sa maladie, elle lui était apparue sous la forme d’un cigne qu’il avait vu à la campagne de son oncle lorsqu’il était encore enfant. Un souvenir surtout l’avait vivement attendri : un jour le cigne ayant été souillé de boue par lui, reparut plus beau et plus blanc après s’être plongé au milieu des flots. Il avait toujours disparu à sa vue au milieu d’une mer de feu ; en vain il avait appelé Thinka, nom que portait ce cigne ; il n’avait pu l’attirer à lui. Le comte termina ce singulier récit en protestant de nouveau