Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/93

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madame de Géri. Il faut instruire sur-le-champ ton père de sa conduite.

— Mais, ma mère, c’est avec le plus grand sérieux qu’il m’a dit cela ; et il paraissait bien résolu à renouveler son assertion devant mon père.

— Et peux-tu croire à la possibilité d’un pareil état ? s’écria sa mère effrayée.

— Je croirais plutôt que les tombeaux peuvent porter des fruits, et qu’un enfant peut naître dans le sein d’un cadavre.

— Eh bien alors, chère enfant, pourquoi te tourmenter ? Si ta conscience est pure, comment peux-tu t’inquiéter du jugement d’autrui ? fût-ce même le résultat d’une consultation de toute la faculté. Que ce soit erreur ou méchanceté de sa part, que t’importe ? Mais il est nécessaire que ton père en soit instruit.