Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/162

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elle donna bientôt la préférence au chambellan Frédérich de Trota, qui lui avait une fois sauvé la vie au péril de la sienne, en la défendant de l’attaque d’un sanglier blessé. Néanmoins, dans la crainte de déplaire à ses frères, qui étaient chargés du gouvernement de sa fortune, et malgré les pressantes sollicitations de son père, elle ne s’était point encore décidée à lui accorder sa main, lorsque l’aîné de ses frères, qui avait épousé une riche demoiselle du voisinage, devint, à la grande joie de la famille, père d’un fils qui en perpétuerait le nom. Alors Littegarde envoya à son amant, le seigneur Frédérich, une lettre baignée de ses larmes, où elle prenait congé de lui, s’étant décidée à conserver l’unité de la maison, et à se retirer, selon les conseils de son frère, comme abbesse dans un couvent de femmes