Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/191

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garde. Bien certain de son pardon, il entra dans sa chambre avec sa mère et ses sœurs, sans s’être fait annoncer.

Qui pourrait dépeindre l’effroi de l’infortunée Littegarde, qui, le sein à demi découvert et les cheveux épars, se leva de dessus sa couche de paille au bruit que fit la porte en s’ouvrant, lorsque, au lieu du gardien qu’elle attendait, elle vit entrer son noble et digne ami, portant toutes les traces de la souffrance et soutenu par ses deux sœurs.

« Loin de moi ! s’écria-t-elle avec l’accent du désespoir, en se jetant sur sa couche ; loin de moi, si vous avez dans le cœur une étincelle de pitié !

— Comment, ma chère Littegarde ! » répondit Frédéric en se penchant sur elle avec la plus vive émotion, et il saisit sa main.

« Loin de moi ! répéta-t-elle en tom-