Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/26

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levèrent tout-à-coup de leurs siéges, et pendant que nous posions nos serviettes et que nous attendions dans l’inquiétude ce qu’ils allaient faire, ils entonnèrent avec les accens de voix les plus horribles le Gloria in excelsis. C’est ainsi que doivent hurler les loups et les léopards que la faim a rendus furieux.

» Les piliers de la maison en furent ébranlés, et les fenêtres, frappées de ces accens formidables, tremblaient et retentissaient comme si l’on eût jeté des poignées de sable contre leurs vitraux.

» À cette horrible musique nos cheveux se dressèrent sur nos têtes, et nous nous précipitâmes dans la rue, qui fut bientôt pleine de plus de cent personnes que ces hurlemens affreux avaient arrachées au sommeil.

» Le peuple, pénétrant dans l’hôtel,