Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/53

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« Eh bien ! dit l’étranger, contentons-nous pour le moment d’envoyer quelques vivres à ces malheureux, et j’irai les chercher seulement la nuit prochaine. Voulez-vous, bonne mère ?

— J’y consens, dit la vieille, tandis que le jeune officier couvrait de baisers ses mains ridées ; pour l’amour des Européens, pour l’amour du père de ma fille, je ferai cela en votre faveur. Écrivez demain matin à vos parens de venir vous rejoindre ici ; le jeune homme que vous avez vu dans la cour portera votre lettre, et leur servira de guide s’ils acceptent votre invitation. »

Cependant Toni était revenue de la cuisine avec un souper pour l’étranger ; elle demanda à sa mère, d’un air malin, si le jeune officier était guéri de son effroi, s’il était enfin persuadé que le nègre Hoango était absent, et