Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/60

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« Quelle qu’ait été la conduite des blancs envers leurs esclaves, continua l’étranger, il me semble impossible qu’elle puisse avoir mérité une trahison si lâche et si barbare. Certainement le Dieu juste doit se déclarer pour nous dans cette guerre. » Après avoir prononcé ces mots avec exaltation, il se leva, s’approcha de la fenêtre, et considéra le ciel couvert de nuages épais flottans sur la lune et les étoiles ; puis, ayant surpris des signes d’intelligence entre la mère et la fille, il se sentit saisi d’un frisson, et revenant près d’elles, il leur demanda de lui montrer la chambre où il devait passer la nuit.

La mère prit une lumière, et conduisit l’officier dans la chambre qui lui était destinée. Après avoir ordonné à Toni de rester auprès de lui pour lui