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Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/73

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Ève.

Eh quoi ! Ce juge-là ! il serait bon à être lui-même devant la justice, comme un pauvre pécheur. Lui qui sait le mieux qui c’était ! (Se tournant vers le juge). N’avez-vous pas vous-même envoyé hier Lebrecht, avec le certificat, devant la commission de recrutement à Utrecht ? Comment osez-vous dire que c’était Lebrecht, quand vous savez bien qu’il était à Utrecht ?

Adam.

Et qui donc alors ? si, par le diable, ce n’était ni Lebrecht ni Ruprecht. — Que fais-tu ?

Ruprecht.

Ma foi, monsieur le juge, laissez-moi dire qu’en ceci la jeune fille pourrait bien ne pas mentir. J’ai moi-même rencontré Lebrecht lorsqu’il partait pour Utrecht, il était environ huit heures du matin ; et si on ne l’a pas chargé sur une carriole, le drôle, bancal comme il l’est, n’avait pas encore clopiné son chemin à dix heures du soir. Ça pourrait bien être un troisième.

Adam.

Quoi, bancal ! Imbécile ! Le gars va de meilleur train que plus d’un autre. Je veux avoir le corps tout d’une pièce si un chien de berger, de taille ordinaire, n’est pas obligé de se mettre au trot pour le suivre !

Walter, à Ève.

Racontez-nous comment la chose s’est passée.

Adam.

Excusez, Votre Grâce ! En ceci la jeune fille ne pourra que difficilement vous répondre !

Walter.

Difficilement me répondre ? Et pourquoi donc ?

Adam.

Une enfant un peu faible, vous voyez, bonne mais un peu