Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ruprecht.

Quoi ! moi !

Lumière.

Taisez-vous.

Dame Brigitte.

Le chasseur qui poursuit un blaireau et qui vient d’en découvrir la piste n’est pas plus triomphant que je ne l’étais. « Maître Lumière, me suis-je écriée, (car précisément je voyais votre digne envoyé s’approcher de moi) maître Lumière, vous pouvez vous épargner la séance ; vous ne jugerez pas le démolisseur de cruches aujourd’hui, car celui-là il faudrait le chercher en enfer. Voici sa trace ».

Walter.

Alors vous avez pu vous convaincre vous-même ?

Lumière.

Votre Grâce, en ce qui concerne la trace, c’est la vérité même.

Walter.

Un pied de cheval ?

Lumière.

Un pied d’homme, mais praeter propter, comme un sabot de cheval.

Adam.

Sur mon âme, messieurs, la chose me semble sérieuse. Il existe beaucoup de libelles où l’existence de Dieu est niée en termes mordants, mais nul athée, que je sache, n’a encore prouvé de façon péremptoire qu’il n’y a pas de diable. Le cas qui se présente me semble particulièrement digne d’être considéré. Je propose, avant de tirer des conclusions, de porter la question devant le synode de La Haye, à savoir : si la justice est autorisée à admettre que Belzébuth a cassé la cruche.