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Page:Klingsor - Humoresques, 1921.djvu/149

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L'AMOUREUX


Quand Manon écosse ses pois Pour les mettre au bouillon de la marmite Je m'approche à pas sournois La couvant de l'oeil comme un ermite Pour lui pincer la taille de mes doigts, Quand Marion écosse ses pois.

Le feu flambe clair sous la soupe, Le feu de copeaux secs et de vieux bois, Mais j'ai tremblé tant au vent d'hiver sur la route Que je tremble encore, je crois; C'est si drôle l'amour, j'embrasse ma douce: --Marion n'as-tu pas fini d'écosser tes pois?

La cuiller à pot a chu sur ma tête: --Vilain, t'as le nez tout gelé de froid Et la barbe trop raide! J'ai caché ma tête sous mon bras: --Marion, ma bonne Marion, arrête! Marion continue d'écosser tes pois.--