Page:Kock - Bulle de savon, 1837.djvu/14

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Suzon sortait avec une cornette,
Jupe de toile, et fichu de Madras,
Ceinture en cuir complétait sa toilette,
Et j’étais fier de lui donner le bras.
Si, maintenant, celle queje promène
N’est pas coiffée et mise au goût du jour,
Je suis maussade, et je lui parle à peine…
Je n’en suis plus à mon premier amour.

Chez un traiteur modeste et solitaire
J’allais souvent dîner avec Suzon ;
On nous servait un frugal ordinaire,
J’étais près d’elle, et tout me semblait bon ;
Avec ma belle, aujourd’hui, quand je dine,
Je veux bons vins et bons mets tour à tour ;
Un plat manqué me fait faire la mine :
Je n’en suis plus à mon premier amour.

Près de Suzon on me voyait encore
De ma tendresse empressé de causer,
Six fois par jour lui dire : Je t’adore,
Et puis toujours prêt à recommencer ;
Mais, à présent, pour peindre mon délire,
J’ai beau vouloir faire le troubadour,
Après deux mots, je n’ai plus rien à dire !
Je n’en suis plus à mon premier amour.