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procher à la Nation Polonaise, comme une trahison ses légions galiciennes. Vous savez bien qu’elles défendaient leur propre sol contre l’invasion du véritable Grand Chéri de la France, le « rouleau compresseur » russe, qui le roulait avec accompagnement d’horreurs dépassant tout ce que les Allemands ont fait en Belgique, au point que le Russe Maklakoff, en pleine Douma, traitait cette expédition de « scandale européen » — L’organisateur et chef de ces légions Pilsudzki est depuis plus d’un an emprisonné par les Allemands.

Quand à votre indignation contre la politique polono-autrichienne d’avant-guerre, à une époque où la négation même du mot « Pologne » était pour votre presse et vos historiens une des formes préférées de leur flagornerie tsariste, c’est de la hâblerie rétrospective.

2. Je passe à vos accusations, suppositions et insinuations à l’effet de présenter en bloc les Polonais non-combattants comme suspects d’espionnage. Elles reposent sur l’échafaudage d’hypothèses suivant : au lieu de rester jour et nuit dans leurs lits, le nez au mur, les Polonais à Paris vont et viennent, invariablement munis d’une paire d’yeux, d’oreilles et d’une langue, à travers les rues, les restaurants et dans le monde ; ils prennent même des taxis. Tout cela suppose de l’argent. S’ils en ont, c’est qu’ils en reçoivent. Ils ne peuvent le recevoir que du Boche qui ne paie que les espions.

Il y a deux gros trous dans ce raisonnement. Il y a encore des gens, même Polonais qui ont de l’argent sans en recevoir de personne. Et il y a des Polonais qui en reçoivent, mais pas du Boche ! En réalité, les gens qui offusquent vos cinquante ans d’asphalte appartiennent à deux catégories.

Il y a des Polonais (et des Russes) qui vont dans le monde parce qu’ils en étaient avant la guerre et en sont. C’est par dérision, je pense, que vous demandez sévèrement « quel métier ils font, quel gouvernement ils servent, à quelles organisations suspectes il faut les rattacher ». C’est justement le propre des gens du monde (à moins que vous ne pensiez à celui de Bolo et consorts) de ne pas faire de métier, généralement de ne servir personne, et de se rattacher plutôt à un grand club de Varsovie, Petrograd ou même Paris, qu’à une C. G. T. ou une « Panthère des Batignolles ». Ces gens peuvent ne pas se vendre parce que ce qu’ils ont sauvé de leur opulence notoire et le crédit qu’elle leur vaut leur permettent encore de vivre et parfois de fréter un taxi.

Et il y a un petit nombre de Polonais (et de Tchéco-Slovaques d’Autriche) qui effectivement font une dépense supérieure à leurs ressources personnelles, à peu près nulles ; ils jouissent pour aller en Suisse, en Angleterre, en Amérique, pour pénétrer dans les ministères, les hôpitaux, même au front, de facilités