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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/16

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comment discerner le seul qui soit bon et authentique? C’est à la cour qu’il établit son tribunal, qu’il rend ses oracles. Le petit nombre de ceux qui la fréquentent apporte à la capitale ses décisions et sa manière de prononcer; qui de la capitale passent ensuite successivement de bouche en bouche dans les provinces et chez l’étranger.» Et on ne peut l’accuser de prévention, car il dit ailleurs: «C’est à la cour qu’il faut chercher les modèles d’une prononciation régulière. Je l’avoue; mais où trouve-t-on aussi plus souvent qu’à la cour, et dans tous les genres, le foyer de la corruption et de l’instabilite?»

Depuis la révolution de 1789 et surtout depuis celle de 1848, il est devenu encore plus difficile de déterminer ce qu’il faut entendre par le bon usage, particulièrement en matière de prononciation. Feline (1851) dit: «Ce qui m’a déterminé, c’est l’usage le plus général, celui de la bonne compagnie, qui devait prévaloir.» «Mais», ajoute Thurot (1881), «que faut-il entendre par la bonne compagnie? Ce mot avait un sens précis du temps du premier Empire et même de la Restauration. La révolution de 1830 a divisé profondément la bonne compagnie, et, depuis 1848, la bonne compagnie a été noyée dans le flot croissant de la population parisienne. Aujourd’hui les honnêtes gens de la capitale, à définir le mot comme l’a fait Dumarsais, sont tellement nombreux et partagés en groupes si isolés entre eux, qu’il ne peut pas se former un usage commun qui serve de type.»[1]

Thurot termine donc par une négation. Seulement, en bon Parisien, il ne doute pas un moment que ce ne soit uniquement à Paris qu’il faille chercher le bel usage

  1. Thurot, l. c., p. CII—CIV.