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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/23

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leur baccalauréat? Mais alors il faut exclure presque tout le sexe féminin et même des personnes qui font la gloire de la littérature française. Ou bien suffit-il d’avoir reçu une bonne éducation primaire? Alors tout le monde est bien élevé et peut prétendre à posséder la bonne prononciation. L’opinion générale est qu’il faut resserrer le cercle des autorités de langue. Mais même en nous bornant aux groupes que nous venons d’énumérer, il n’en est pas un seul dont l’autorité ne soit contestée. Personne ne croit plus aux lexicographes et aux grammairiens. On connaît les reproches qu’on a adressés à Littré d’avoir violenté la langue et d’avoir voulu lui imposer une prononciation qui ou avait fait son temps ou n’avait jamais été employée par personne. Les orthoépistes et les grammairiens se contredisent et se reprochent mutuellement leurs erreurs. Quant aux phonéticiens, il ne faut pas penser à les prendre pour guides. Ils aiment trop le langage familier, et cela les égare. De plus, nous l’avons vu, ils ne savent même pas, si la prononciation des provinces ne vaux pas celle de Paris. D’autres, après avoir disputé longtemps pour décider si les mots dissyllabiques de la langue française ont l’accent sur la première ou la dernière syllabe, sont arrivés à ce résultat surprenant et incroyable qu’ils n’en ont pas du tout. M. Legouvé[1] nous édifie sur les avocats et les prédicateurs. «Allez au Palais, dit-il, dans la salle des Pas Perdus; abordez un avocat de vos amis et causez avec lui. Son débit sera naturel et simple. Suivez-le dans la salle d’audience; écoutez-le dire: «Messieurs les juges» et commencer sa plaidoirie; ce n’est plus le même homme, toutes ces qualités disparaissent; il était naturel, il devient

  1. L’Art de la lecture. 21e éd. Paris, p. 76 ss.