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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/25

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choquer avec une prononciation qui ne serait pas tout à fait selon les règles, que de faire sourire avec une prononciation d’une trop rigoureuse exactitude». Il y a donc des règles théoriques, faites, sans doute, par les orthoépistes et grammairiens, et un usage qui les contre-dit, et on peut même devenir ridicule quand on se fie trop aux théoriciens. M. Dupont ajoute: «Je viens de prononcier le mot d’usage et j’insiste sur ce point, car, en effet, l’usage est souvent plus fort que toutes les règles.» Toujours la même distinction: l’auteur ne sait pas que de bonnes règles ne doivent que constater l’usage courant. M. Dupont-Vernon continue: «Nous rapprocherons donc toujours la règle de l’usage. Mais encore, faut-il s’entendre sur ce mot. — De quel usage faudra-t-il rapprocher la règle? Je réponds: de l’usage accepté comme bon à Paris, par le plus grand nombre des gens bien élevés, des honnêtes gens comme on disait au grand siècle. Remarquez que je n’ai pas dit: l’usage de Paris, mais l’usage accepté à Paris. Lorsqu’on est né à Paris, même dans un rang élevé de la société, on parle souvent mal, aussi mal quelquefois, qu’à Marseille ou à Bordeaux. Quand, par grand hasard, j’ai entendu une prononciation presque irréprochable chez un homme qui n’avait jamais pris de leçons de diction, j’ai dit à mon élève: «Monsieur, vous êtes né à Tours ou à Blois, mais vous avez étudié à Paris?» — C’est qu’en effet on parle naturellement bien le français dans les deux pays, mais, pour avoir une prononciation vraiment irréprochable et distinguée, il est nécessaire d’avoir respiré quelque temps l’air de Paris. — «Étudier à Paris, c’est naître à Paris,» a dit Victor Hugo. Vous arrivez de certaines provinces avec une prononciation très régulière, mais légèrement guindée; il en est un peu de