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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/46

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Les autres en ont fait leur deuil, et le Rapide a passé depuis longtemps à l’état de superstition locale, bien que le Tarasconnais soit très peu superstitieux de sa nature et qu’il mange les hirondelles en salmis, quand il en trouve.

Ah ça! me direz-vous, puisque le gibier est si rare à Tarascon, qu’est-ce que les chasseurs Tarasconnais font donc tous les dimanches?

Ce qu’ils font? ils s’en vont en pleinec campagne, à deux ou trois lieues de la ville. Ils se réunissent par petits groupes de cinq ou six, s’allongent tranquillement à l’ombre d’un puits, d’un vieux mur, d’un olivier, tirent de leurs carniers un bon morceau de bœuf en daube, des oignons crus, un saucissot, quelques anchois, et commencent un déjeuner interminable, arrosé d’un de ces jolis vins du Rhône qui font rire et qui font chanter.

Après quoi, quand on est bien lesté, on se lève, on siffle les chiens, on arme les fusils, et on se met en chasse. C’est à dire que chacun de ces messieurs prend sa casquette, la jette en l’air de toute sa force, et la tire au vole avec du 5, du 6 ou du 2, — selon les conventions.