Aller au contenu

Page:Kostomarov - Deux nationalités russes.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

provinces, les idiosyncrasies de la nature des Russes orientaux auraient produit d’autres phénomènes, mais les conquérants donnèrent aux différents pays de la Russie, séparés les uns des autres un nouveau but, celui d’une union générale. Les Mongols n’opprimaient pas systématiquement et consciemment l’autonomie. Leur idée politique n’était pas encore arrivée jusqu’à vouloir centraliser les masses et les assimiler. La victoire se bornait pour eux à un pillage général et à la levée d’un tribut. La Russie dut souffrir l’un et l’autre. Mais pour lever le tribut il fallait un personnage de confiance, pour toute la Russie, une sorte de percepteur du Khan ; cet homme de confiance, ce caissier était préparé d’avance par l’histoire russe dans la personne du Grand Prince (ou Grand Duc) le chef des princes, par conséquent de l’administration de tout le pays. Et le chef de la fédération devint le représentant du nouveau maître. Le droit de suprématie, d’origine, le droit d’élection, durent tous se soumettre à une autre loi — la volonté du seigneur de toutes les terres, du dominateur légal, puisque la conquête est une loi de fait, qui n’est soumise à aucune discussion.

Mais rien n’était plus naturel que la croissance de ce percepteur du Khan, dans les pays où il y avait déjà des germes favorables, il n’y avait plus qu’à les arroser pour les voir se développer.


V

L’étendard du succès sous la protection de la bénédiction divine fut déployé à Moscou, une nouvelle demeure, de la même manière et dans le même ordre qu’il avait été levé à Vladimir. Encore une fois une nouvelle ville surpasse l’ancienne et de nouveau l’Église accorde son aide, comme elle l’avait fait à Vladimir. Elle bénit Moscou et le métropolite Pierre s’y fixe. Le saint homme s’y prépara de ses propres mains un tombeau, qui devait devenir un palladium de la cité ; on y élève un autre temple à la Mère de Dieu, et au lieu du droit qui était consacré par l’âge, au lieu de la conscience populaire paralysée alors par l’arbitraire des conquérants, triomphe l’idée de l’approbation divine du succès. Ce n’est pas le moment de résoudre l’importante question des conditions qui ont favorisé l’élévation de Moscou et de sa suprématie sur Vladimir, cette question appartient proprement à l’his-