Page:Kouprine - Sulamite.djvu/35

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cils semblaient être deux flèches, ou encore, des rayons noirs, jaillis de deux étoiles, plus noires encore.

Nul homme au monde ne pouvait soutenir, sans baisser les yeux, le regard de Salomon, et la foudre de la colère dans les yeux du roi faisait tomber les hommes à ses pieds.

Il lui arrivait aussi d’avoir le cœur plein d’allégresse. Ces jours—là, le roi se grisait d’amour, de vin et de la douceur d’être tout-puissant. Parfois encore, il se réjouissait d’une belle et sage parole, dite à propos. Ses longs cils alors s’abaissaient à demi, jetant des ombres bleues sur son visage serein ; pareilles aux étincelles bleues jaillies de diamants noirs, les lueurs chaudes d’un tendre et doux sourire s’allumaient dans ses yeux, et telle était l’indicible beauté de ce sourire, qu’à sa seule vue les hommes étaient prêts à se livrer au roi, corps et âme. Et au seul nom du roi Salomon, prononcé devant elles, le cœur des femmes se troublait, comme à l’arôme de la myrrhe épandue, qui fait penser aux nuits d’amour.

Les mains du roi étaient blanches, douces,