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Page:Kouprine - Sulamite.djvu/92

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rantes et de fioles pleines d’huiles. S’emparant d’une fiole de forme phénicienne, il compta les dinars qui composaient toute la fortune de Sulamite et, soigneusement, versa dans un flacon d’argile le nombre équivalent de gouttes de myrrhe. Puis, recueillant à l’aide d’un bouchon l’huile qui humectait encore le goulot, il dit avec un rire plein de malice :

— Jeune Fille au teint bronzé, ô belle jeune fille ! quand ce soir ton ami, te baisant entre les seins, dira : « Comme ton corps embaume, ô bien—aimée ! » pense alors à moi, car je t’ai donné trois gouttes de plus. À la tombée de la nuit, Sulamite se dresse sur sa pauvre couche en laine de chèvre, et prêta l’oreille. Dans la maison, tout était calme. Sa sœur, étendue à terre, près du mur, faisait entendre une respiration régulière. Dans la pâle clarté de la lune, qui se levait au—dessus de Siloam, la blancheur bleuâtre des maisons se fondait avec le bleu—noir des ombres et le vert mat des arbres. Seul, dehors, dans les buissons qui bordaient la route, résonnait le cri sec et