Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/101

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La famille de Verzeni est dévote et d’une avarice sordide. Il est d’une intelligence au-dessus de la moyenne, sait très bien se défendre, cherche à trouver un alibi et à démentir les témoins. Dans son passé on ne trouve aucun signe d’aliénation mentale. Son caractère est étrange ; il est taciturne et aime la solitude. En prison, son attitude est cynique ; il se masturbe et cherche à tout prix à voir des femmes.

Verzeni a fini par avouer ses crimes et dire les mobiles qui l’y avaient poussé.

L’accomplissement de ses crimes, dit-il, lui avait procuré une sensation extrêmement agréable (voluptueuse), accompagnée d’érection et d’éjaculation. À peine avait-il touché sa victime au cou, qu’il éprouvait des sensations sexuelles. En ce qui concerne ces sensations, il lui était absolument égal que les femmes fussent vieilles, jeunes, laides ou belles. D’habitude, il éprouvait du plaisir rien qu’en serrant le cou de la femme, et dans ce cas il laissait la victime en vie. Dans les deux cas cités, la satisfaction sexuelle tardait à venir, et alors il avait serré le cou jusqu’à ce que la victime fût morte. La satisfaction qu’il éprouvait pendant ces strangulations était plus grande que celle que lui procurait la masturbation. Les contusions à la peau des cuisses et du pubis étaient faites avec les dents lorsqu’il suçait, avec grand plaisir, le sang de sa victime. Il avait sucé un morceau de mollet et l’avait emporté pour le griller à la maison ; mais, se ravisant, il l’avait caché sous un tas de paille, de crainte que sa mère ne s’aperçût de ses menées. Il avait emporté avec lui les vêtements et les viscères ; il les porta pendant quelque temps parce qu’il avait du plaisir à les renifler et à les palper. La force qu’il possédait dans ces moments de volupté était énorme. Il n’a jamais été fou ; en exécutant ses actes, il ne voyait plus rien autour de lui (évidemment l’excitation sexuelle, poussée au plus haut degré, a supprimé en lui la faculté de perception ; acte instinctif). Après il éprouvait toujours un certain bien-être et un sentiment de grande satisfaction. Il n’a jamais éprouvé de remords. Jamais l’idée ne lui est venue de toucher aux parties génitales des femmes qu’il avait torturées, ni de souiller ses victimes ; il lui suffisait de les étrangler et d’en boire le sang. En effet, les assertions de ce vampire moderne semblent avoir un fondement de vérité. Les penchants sexuels normaux paraissent lui avoir été étrangers. Il avait deux maîtresses, mais il se contentait de les regarder, et il est lui-même étonné qu’en leur présence, l’envie ne lui soit pas venue