Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/112

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mandait auparavant si elles étaient mariées ou non. L’éjaculation et la satisfaction sexuelle ne se produisaient que lorsqu’il s’apercevait qu’il avait réellement blessé la fille. Après l’attentat, il se sentait toujours faible et mal à l’aise ; il avait aussi des remords.

Jusqu’à l’âge de trente-deux ans, il ne blessait les filles qu’en coupant la chair, mais il avait toujours soin de ne pas leur faire de blessures dangereuses. À partir de cette époque et jusqu’à l’âge de trente-six ans, il parvint à dompter son penchant. Ensuite il essaya de se procurer de la jouissance en serrant les filles aux bras ou au cou, mais par ce procédé il n’arrivait qu’à l’érection, jamais à l’éjaculation. Alors il essaya de frapper les filles avec un couteau resté dans sa gaine, mais cela ne produisit pas non plus l’effet voulu. Enfin il donna un coup de couteau pour de bon et eut un plein succès, car il s’imaginait qu’une fille blessée de cette manière perdait plus de sang et ressentait plus de douleur que si on lui avait incisé la peau. À l’âge de trente-sept ans, il fut pris en flagrant délit et arrêté. Dans son logement, on trouva un grand nombre de poignards, de stylets et de couteaux. Il déclara que le seul aspect de ces armes, mais plus encore de les palper, lui avait procuré des sensations voluptueuses et une vive excitation.

En tout, il aurait blessé cinquante filles, s’il faut s’en tenir à ses aveux.

Son extérieur était plutôt agréable. Il vivait dans une situation bien rangée, mais c’était un individu bizarre et qui fuyait la société.


OBSERVATION 29. – J. H…, vingt-cinq ans, est venu en 1883 à la consultation pour neurasthénie et hypocondrie très avancées. Le malade avoue s’être masturbé depuis l’âge de quatorze ans ; jusqu’à l’âge de dix-huit ans il en usa moins fréquemment, mais depuis il n’a plus la force de résister à ce penchant. Jusque-là, il n’a jamais pu s’approcher d’une femme, car il était soigneusement surveillé par ses parents qui, à cause de son état maladif, ne le laissaient jamais seul. D’ailleurs, il n’avait pas de désir prononcé pour cette jouissance qui lui était inconnue.

Il arriva, par hasard, qu’un jour, une fille de chambre de sa mère cassa une vitre en lavant les carreaux de la fenêtre. Elle se fit une blessure profonde à la main. Comme il l’aidait à arrêter le sang, il ne put s’empêcher de le sucer, ce qui le mit dans un état