Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/160

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famille, qui a toujours mené une vita sexualis normale, mais qui prétend être né d’une famille très nerveuse, me fait les communications suivantes. Dans sa premières jeunesse, il était sexuellement très excité toutes les fois qu’il voyait une femme qui égorgeait un animal avec un couteau. À partir de cette époque, il fut pendant des années plongé dans ce rêve voluptueux que des femmes armées de couteaux le piquaient, le blessaient et même le tuaient. Plus tard, quand il commença à avoir des rapports sexuels normaux, ces idées perdirent pour lui tout leur charme pervers.


Il faut rapprocher ce dernier cas des observations citées plus haut et d’après lesquelles il y a des hommes qui trouvent une jouissance sexuelle à se laisser blesser légèrement par des femmes et à être menacés de mort par elles.

Ces fantaisies donneront peut-être l’explication de l’étrange fait qui va suivre et que je dois à une communication de M. le Dr Kœrber de Hankau (Silésie).


OBSERVATION 54. – Une dame m’a raconté l’histoire suivante. Jeune fille ignorante, elle fut mariée à un homme d’environ trente ans. La première nuit du mariage, il lui mit presque par force un petit bassin avec du savon dans les mains ; il voulut alors, sans autre marque d’amour, qu’elle lui savonnât le menton et le cou comme s’il devait se faire la barbe. La jeune femme, tout à fait inexpérimentée, fit ce que son mari exigeait, et fut très étonnée de n’avoir, pendant les premières semaines de son mariage, appris rien autre chose des mystères de la vie matrimoniale. Son mari lui déclara que son plus grand plaisir était de se faire savonner la figure par elle. La jeune femme ayant plus tard consulté des amies, décida son mari à faire le coït et, comme elle l’affirme formellement, elle eut de lui par la suite trois enfants. Le mari est travailleur, même très rangé, mais il est brusque et morose. Il exerce le métier de négociant.


Il est très admissible que l’homme dont il est ici question ait considéré l’acte d’être rasé (ou les préparatifs par le savonnage) comme la réalisation symbolique d’idées de blessures et d’égorgement, de fantaisies sanguinaires, comme les idées qui hantèrent, dans un autre cas, un homme d’un