V. Schrenck-Notzing consacre, dans son ouvrage récemment paru (Die Suggestions-Therapie bei krankhaften Erscheinungen des Geschlechtssinnes, etc., Stuttgart, 1892), au masochisme ainsi qu’au sadisme quelques chapitres et cite plusieurs observations[1]
Au groupe des masochistes se rattache celui des fétichistes du pied et des chaussures, dont on compte des exemples nombreux. Ce groupe forme une transition avec les phénomènes d’une autre perversion distincte, le fétichisme, mais il est plus près du masochisme que du fétichisme, voilà pourquoi nous l’avons fait rentrer dans celui-là.
Par fétichistes j’entends des individus dont l’intérêt sexuel se concentre exclusivement sur une partie déterminée du corps de la femme ou sur certaines parties du vêtement féminin.
Une des formes les plus fréquentes du fétichisme consiste dans ce fait que le pied ou le soulier de la femme sont le fétiche qui devient l’unique objet des sentiments et des penchants sexuels.
Or il est fort probable, et cela ressort déjà de la classification logique des cas observés, que la plupart des cas de fétichisme des chaussures, peut-être tous, ont pour base un instinct d’humiliation masochiste plus ou moins conscient.
- ↑ Dans la littérature nouvelle, dans les romans et les contes, la perversion psycho-sexuelle qui fait le sujet de ce chapitre, a été traitée par Sacher-Masoch, dont les écrits, plusieurs fois cités, contiennent des descriptions de l’état d’âme morbide de ces individus. Beaucoup de gens atteints de cette perversion signalent les ouvrages de Sacher-Masoch comme une description typique de leur propre état psychique.Zola a, dans sa Nana, une scène masochiste, de même que dans Eugène Rougon. Le décadentisme littéraire, plus moderne, en France et en Allemagne, s’occupe beaucoup de masochisme et de sadisme. Le roman moderne russe, s’il faut en croire Stefanowski, traite aussi ce sujet ; mais, d’après les communications du voyageur Johann-Georg Forster (en 1751-94), cet état jouait déjà un rôle dans la chanson populaire russe.