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résistai à une passion si honteuse (d’après mes idées d’alors) et je restai exempt pendant les trois années consécutives à cet incident. Pendant ce temps j’essayai à plusieurs reprises mais vainement le coït avec des filles. Mes efforts pour me faire guérir de mon impuissance par l’art médical n’eurent pas non plus de succès.

Un jour que j’étais de nouveau tourmenté par le libido sexualis, je me rappelai le propos du vieillard me disant que des homosexuels se donnent rendez-vous sur la promenade.

Après une longue lutte contre moi-même et avec un battement de cœur, j’allai à l’endroit indiqué ; je fis la connaissance d’un monsieur blond et me laissai séduire. Le premier pas était fait. Cette sorte d’amour sexuel m’était adéquat. Ce que j’aimais le plus c’était d’être entre les bras d’un homme vigoureux.

La satisfaction consistait dans la manustupration mutuelle. À l’occasion osculum ad penem alterius[ws 1]. Je venais d’atteindre l’âge de vingt-trois ans. Le fait d’être assis à côté de mes collègues dans la salle des cours ou sur les lits des malades dans la clinique, m’excitait si violemment qu’à peine je pouvais suivre le cours du professeur. Dans la même année je nouai une véritable liaison d’amour avec un négociant âgé de trente-quatre ans. Nous vivions maritalement. X… voulait jouer l’homme, devenait de plus en plus amoureux. Je le laissais faire, mais il fallait qu’il me laissât aussi de temps en temps jouer le rôle d’homme. Avec le temps je me lassai de lui, je devins infidèle, et lui devint jaloux. Il y eut des scènes terribles, des réconciliations temporaires, et finalement une rupture définitive (ce négociant fut plus tard frappé d’aliénation mentale et mit fin à ses jours par le suicide).

Je faisais beaucoup de connaissances, aimant les gens les plus communs. Je préférais ceux qui étaient barbus, grands, d’âge moyen, et capables de bien jouer le rôle actif.

Je contractai une proctitis[ws 2]. Le professeur (de la Faculté de médecine) était d’avis que cela venait de la vie sédentaire à laquelle je m’étais condamné en préparant mon examen. Il se forma une fistule qu’il fallut opérer, mais, cet accident ne me guérit nullement de mon penchant à prendre le rôle passif. Je devins médecin, m’établis dans une ville de province où j’ai dû vivre comme une religieuse.

J’eus l’envie de me montrer dans la société des dames ; là on me vit d’un œil favorable, car on trouvait que je n’avais pas l’esprit aussi exclusif que les autres hommes, et je m’intéressais aux toilettes des femmes et aux conversations qui traitaient

  1. sucer le sexe de l’autre
  2. inflammation du rectum et de l’anus