Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/308

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thénie est ordinairement constitutionnelle, c’est-à-dire qu’elle est produite par des causes congénitales. Elle est réveillée et maintenue par la masturbation ou par l’abstinence forcée.

Chez les individus masculins, la neurasthenia sexualis se développe sur ce terrain morbide ou prédisposé congénitalement. Elle se manifeste alors surtout par la faiblesse irritative du centre d’éjaculation. Ainsi s’explique le fait que, chez la plupart des individus atteints, une simple accolade ou un baiser donné à la personne aimée, quelquefois même le simple aspect de cette dernière, provoquent l’éjaculation. Souvent l’éjaculation est alors accompagnée d’une sensation de volupté anormalement forte, qui va jusqu’à la sensation d’un courant « magnétique » à travers le corps.

5o Dans la majorité des cas, on rencontre des anomalies psychiques (talents brillants pour les beaux-arts, surtout pour la musique, la poésie, etc.), en même temps que de la faiblesse des facultés intellectuelles (esprits faux, bizarres), et même des états de dégénérescence psychique très prononcée (imbécillité, folie morale).

Beaucoup d’uranistes en viennent temporairement ou pour toujours aux délires caractéristiques des dégénérés (états passionnels pathologiques, délires périodiques, paranoïa, etc.).

6o Dans presque tous les cas où il fut possible de rechercher l’état physique et intellectuel des ascendants et des proches parents, on a constaté dans ces familles des névroses, des psychoses, des stigmates de dégénérescence, etc.[1].

L’inversion sexuelle congénitale est bien profonde et bien

  1. L’inversion sexuelle, comme phénomène partiel de la dégénérescence nerveuse, peut se produire aussi chez les descendants de parents exempts de névrose. Cela ressort d’une observation de Tarnowsky (op. cit., p. 34) dans laquelle le lues [NdT : corruption des mœurs] du procréateur était en jeu, ainsi que d’un cas du même genre rapporté par Scholz (Vierteljahrsschrift f. ger. Medicin) où la tendance perverse de l’instinct génital était liée à un arrêt de développement physique d’origine traumatique.