parce qu’elle se propose le but sus-indiqué. Il est vrai qu’une satisfaction sexuelle qui ne vise pas la procréation, est contraire à la nature ; mais nous ne savons pas si elle ne sert pas à d’autres buts qui sont encore pour nous un mystère ; et quand même elle serait sans but, on n’en pourrait point conclure qu’il faut la réprouver, car il n’est pas prouvé que la mesure d’après laquelle on doit juger une action morale soit son utilité.
Je suis convaincu et certain que le préjugé actuel disparaîtra et que, un jour, on reconnaîtra, à juste raison, le droit aux homosexuels de pratiquer sans entraves leur amour.
En ce qui concerne la possibilité de la liberté d’un pareil droit, qu’on se rappelle donc les Grecs et leurs amitiés qui, au fond, n’étaient pas autre chose que de l’amour sexuel ; qu’on songe un peu que, malgré cette impudicité contre nature, pratiquée par les plus grands génies, les Grecs sont considérés, encore aujourd’hui, au point de vue intellectuel et esthétique, comme des modèles qu’on n’a pas pu encore atteindre et qu’on recommande d’imiter.
J’ai déjà songé à guérir mon anomalie par l’hypnotisme. Quand même il pourrait donner un résultat, ce dont je doute, je voudrais être sûr que je deviendrais réellement et pour toujours un homme qui aimerait les femmes ; car, bien que je ne puisse pas me satisfaire avec les hommes, je préférerais pourtant conserver cette aptitude à l’amour et à la volupté, quoique inassouvie, que d’être tout à fait sans sentiment.
Ainsi, il me reste l’espoir que je trouverai l’occasion de satisfaire cet amour que je désire tant et qui me rendrait heureux ; mais je ne préférerais nullement à mon état actuel une désuggestion des sentiments homosexuels sans trouver une compensation dans des sentiments hétérosexuels équivalents.
Finalement, je dois, contrairement aux diverses déclarations des uranistes que je trouve citées dans les biographies publiées, faire remarquer que, pour ma part du moins, il m’est très difficile de reconnaître mes semblables.
Bien que j’aie décrit d’une manière assez détaillée mes anomalies sexuelles, je crois que les remarques suivantes seront encore importantes pour la compréhension complète de mon état.
Ces temps derniers, j’ai renoncé à l’immissio penis[ws 1], et je me suis contenté du coitus inter femora puellæ[ws 2].
L’éjaculation s’est alors produite plus rapidement que par la conjunctio membrorum[ws 3] et, en outre, j’éprouvai une certaine volupté au pénis même. Si cette façon de rapport sexuel me fut