sexe baissait aussi. Chose significative, malgré son faible degré de libido, son faible penchant pour les femmes, le malade en arriva à la masturbation pendant qu’il entretenait des rapports sexuels avec la fille de paysans. Il apprit ces pratiques par la lecture des « Confessions » de J.-J. Rousseau, ouvrage qui lui tomba par hasard entre les mains. Aux impulsions dans ce sens se joignirent des idées de bottes. Il entrait alors dans des érections violentes, se masturbait, avait pendant l’éjaculation une volupté très vive qui manquait pendant le coït ; il se sentait au commencement ragaillardi et stimulé intellectuellement par la masturbation.
Avec le temps cependant les symptômes de la neurasthénie, sexuelle d’abord, ensuite générale, avec irritation spinale, firent leur apparition. Il renonça pour un moment à la masturbation et alla trouver son ancienne maîtresse. Mais elle lui était devenue tout à fait indifférente et, comme il ne réussissait plus, même avec l’évocation des images de bottes, il s’éloigna de la femme et retomba de nouveau dans la masturbation qui le mettait à l’abri de l’impulsion de baiser et de cirer des bottes de valets. Toutefois, sa situation sexuelle restait bien pénible. Parfois il essayait encore le coït et réussissait quand, dans son imagination, il pensait à des bottes cirées. Après une longue abstinence de la masturbation, le coït lui réussissait quelquefois, sans qu’il eût besoin de recourir à aucun artifice.
Le malade déclare qu’il a de très grands besoins sexuels. Quand il n’a pas éjaculé depuis un long laps de temps, il devient congestif, très excité et psychiquement tourmenté par ses horripilantes idées de bottes, de sorte qu’il est forcé de faire le coït ou, ce qu’il préfère, se masturber.
Depuis un an sa situation morale s’est compliquée d’une façon fâcheuse par le fait, qu’étant le dernier rejeton d’une famille riche et noble, sur le désir pressant de ses parents, il doit enfin penser au mariage.
La fiancée qui lui est destinée est d’une rare beauté et elle lui est tout à fait sympathique au point de vue intellectuel. Mais comme femme elle lui est indifférente, comme toutes les femmes. Elle le satisfait au point de vue esthétique comme n’importe quel « chef-d’œuvre de l’art ». Elle est devant ses yeux comme un idéal. L’adorer platoniquement serait pour lui un bonheur digne de tous ses efforts ; mais la posséder comme femme est pour lui une pensée pénible. Il sait d’avance qu’en face d’elle il ne pourra être