Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/413

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libidineux, des manières coquettes et cyniques. L’œil a une expression névropathique et vague ; les dents de la mâchoire inférieure sont bien plus en arrière que celles de la mâchoire supérieure. Le crâne est normal, la voix virile, la barbe bien fournie. Les parties génitales sont bien conformées ; cependant les testicules sont un peu petits. Physiquement, G… ne présente rien à noter, sauf un léger emphysème du poumon et une fistule externe à l’anus. Le père de G… était atteint de folie périodique ; la mère était une personne « excentrique » ; une tante était atteinte d’aliénation mentale. De neuf enfants issus du père et de la mère de G…, quatre sont morts à un âge tendre.

G… prétend avoir été bien portant, sauf qu’il a eu des scrofulides. Il a obtenu le grade de docteur en philosophie. À l’âge de vingt-cinq ans il a eu des hémoptysies, il alla en Italie où, sauf quelques interruptions, il gagnait sa vie avec sa plume et en donnant des leçons. G… dit qu’il a souvent souffert de congestions et aussi quelque peu « d’irritation spinale », c’est-à-dire que le dos lui faisait mal. Du reste, il est toujours de bonne humeur, seulement son porte-monnaie n’est jamais bien garni, et il a toujours bon appétit, comme toutes les « vieilles hétaïres ». Il raconte ensuite avec beaucoup de plaisir et de cynisme qu’il est atteint d’inversion sexuelle congénitale. Déjà, à l’âge de cinq ans, son plus grand plaisir était videre mentulam[ws 1], et il rôdait autour des pissotières pour avoir ce bonheur. Avant l’âge de puberté, il avait pratiqué l’onanisme. À sa puberté il s’aperçut qu’il avait un sentiment très tendre pour ses amis. Une impulsion obscure lui montrait le chemin que son amour prendrait. Il avait pour ainsi dire l’obsession d’embrasser d’autres jeunes gens, et parfois de caresser le pénis de l’un ou de l’autre. Ce n’est qu’à l’âge de vingt-six ans qu’il commença à entrer en rapports sexuels avec des hommes ; il se sentait alors toujours dans le rôle de la femme. Étant encore petit garçon, son plus grand plaisir était de s’habiller en femme. Il a été souvent battu par son père, quand, pour obéir à son impulsion, il mettait les vêtements de sa sœur. Quand il voyait un ballet, c’étaient toujours les danseurs et jamais les ballerines qui l’intéressaient. Aussi loin que sa mémoire remonte, il a toujours eu l’horror feminæ[ws 2]. Quand il allait dans un lupanar, ce n’était que pour voir des jeunes gens, « puisque, dit-il, je suis un concurrent des putains. » Quand il voit un jeune homme, il le regarde tout d’abord dans les yeux ; si ceux-ci lui plaisent, il regarde la bouche pour voir si elle est faite pour les

  1. de regarder les pénis
  2. aversion des femmes