Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/425

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titutrice. Elle n’a jamais trouvé aucun plaisir à la danse qu’elle a toujours considérée comme une chose insensée. Le bal non plus n’eut jamais d’attrait pour elle. Son plus grand plaisir était le cirque. Jusqu’à sa maladie de 1872, elle n’a eu d’affection ni pour les personnes de l’autre sexe, ni pour celles de son propre sexe. À partir de cette époque, elle ressentit une amitié chaleureuse, qui lui paraissait étrange à elle-même, pour les femmes, surtout pour les dames jeunes ; elle éprouva et satisfit son besoin de porter des chapeaux et des paletots à la façon des hommes. Depuis 1869, elle a coupé ses cheveux et elle les porte peignés à la façon des hommes. Elle prétend n’avoir jamais été excitée sensuellement dans ses fréquentations avec les jeunes dames, mais son amitié et son dévouement pour celles qui lui étaient sympathiques, étaient illimités, tandis qu’elle éprouvait une aversion pour les hommes et leur société.

Ses parents rapportent que, avant 1872, on demanda la malade en mariage, mais qu’elle refusa ; elle est, en 1877, revenue d’une station thermale tout à fait changée sexuellement ; depuis elle a parfois donné à entendre qu’elle ne se considérait pas comme un être féminin.

Depuis elle ne voulut fréquenter que des dames ; elle a toujours une sorte de liaison amoureuse avec l’une ou avec l’autre et laisse parfois échapper la remarque qu’elle se sent homme. Cet attachement pour les dames dépasse la mesure de l’amitié ; il y a des larmes, des scènes de jalousie, etc. En 1874, comme elle passait dans une ville balnéaire, une jeune dame est tombée amoureuse de la malade qu’elle prit pour un homme déguisé en femme. Quand cette dame plus tard s’est mariée, la malade est devenue mélancolique pendant un certain temps et a parlé d’infidélité. L’attention des parents fut aussitôt éveillée par son penchant pour les vêtements d’hommes, par ses allures masculines, son aversion pour les ouvrages féminins ; singularités qui ne se manifestaient que depuis sa maladie, tandis que, auparavant, la malade, du moins au point de vue sexuel, n’avait présenté aucun symptôme étrange. D’autres recherches il est résulté que la malade entretenait, avec la dame décrite dans l’observation 118, une liaison d’amour qui, en tout cas, n’était pas purement platonique et qu’elle écrivait à cette dame des billets tendres, comme un amant en écrirait à sa maîtresse.

J’ai revu en 1887 la malade dans un hôpital où elle avait été transportée de nouveau, à cause de ses accès hystéro-épilep-