d’un suspensoir toutes les fois qu’il monterait à cheval. En effet S… portait un bandage autour du corps, probablement pour attacher un priape.
Bien que S… se fît souvent raser, pour la forme, on était pourtant convaincu dans l’hôtel qu’il était femme, car la fille de chambre avait trouvé dans son linge des traces de sang provenant des menstrues (sang que S… prétendait être de provenance hémorroïdale) : un jour que S… prenait un bain, la même fille de chambre, ayant regardé à travers le trou de la serrure, prétendit s’être convaincue de visu du sexe féminin de S…
Il faut croire que la famille de Mlle Marie fut pendant longtemps dans l’erreur sur le véritable sexe du pseudo-époux.
Rien ne caractérise mieux la naïveté et l’innocence incroyable de cette malheureuse fille que le passage suivant d’une lettre adressée par Marie à S… le 20 août 1889 :
« Je n’aime plus les enfants des autres, mais un petit bébé de mon Sandi, une superbe petite poupée, — ah ! quel bonheur, mon Sandi ! »
Quant à l’individualité intellectuelle de S…, un grand nombre de manuscrits nous fournissent les renseignements désirés. L’écriture a du caractère, de la fermeté et de l’assurance. Ce sont des traits de plume foncièrement virils. Le contenu se répète partout avec les mêmes singularités : passion féroce et effrénée, haine et guerre à tout ce qui s’oppose à son cœur avide d’amour et d’affection, amour au souffle poétique, amour qui ne touche jamais à rien de vil, enthousiasme pour tout ce qui est beau et noble, goût pour les sciences et les beaux-arts.
Les écrits de Sarolta dénotent une vaste connaissance des littératures de toutes les langues : il y a là des citations des poètes et des prosateurs de tous les pays. Des gens compétents affirment aussi que les produits poétiques et la prose de S… ne sont pas sans valeur.
Les lettres et les écrits qui concernent ses rapports avec Marie, sont très remarquables au point de vue psychologique. S… parle du bonheur qui fleurit pour elle aux côtés de Marie, de son immense désir de voir, ne fût-ce qu’un moment, la femme adorée. Après tant de honte, elle ne désire qu’échanger sa cellule contre la tombe. La douleur la plus amère, c’est l’idée que maintenant Marie aussi la haïra. Elle a versé des larmes brûlantes sur son bonheur perdu, des larmes si abondantes qu’elle pourrait s’y noyer. Des feuilles entières sont consacrées à la glorifica-